20180315-PASAIA-Resume du congres2 · 2019-08-09 · Álvaro Aragón Ruano a obtenu une licence...

GIPUZKOAKO CAMPUSEKOERREK TOREORDETZA

VICERREC TORADO DE LCAMPUS DE GIPUZKOA

https://www.unav.edu/en/web/contractor-state-group/inicio

2

Du bois pour dominer les mers. Les politiques forestières et les approvisionnements en bois de la

Monarchie hispanique du XVIème au XVIIIème siècle

17-18 mai 2018. Centre culturel de Pasai Donibane Rafael Torres Sánchez (Université de Navarre) Mercantilisme et affaires. L’importation de bois pour l’Armée navale espagnole durant la seconde moitié du XVIIIème siècle Résumé L’étude des approvisionnements en bois pour la construction militaire, et la construction navale principalement, permet de progresser dans le débat sur la réalité historique de la politique économique. Pour les théoriciens de la politique espagnole du XVIIIème siècle, l’obtention de bois était considérée comme un champ particulièrement propice au développement des principes mercantilistes. En encourageant la production de bois et le maintien de son extraction et de sa circulation à l’intérieur de l’économie nationale, on parvenait à mettre en valeur les avantages de la politique mercantiliste. Les arguments brandis par les théoriciens de l’époque en faveur de cette stratégie ont été repris par les historiens et assumés comme une vérité historique. L’objectif de l’article est de confronter les arguments qui soutenaient cette politique mercantiliste à la réalité pratique, dans laquelle le modèle se révéla beaucoup plus souple et, très souvent même, opposé aux principes du mercantilisme. Cette réalité historique explique la tendance à permettre l’entrée du capital privé, national et international, dans le commerce du bois. La conclusion est que le mercantilisme dans le commerce du bois fut une utopie. Néanmoins, certains principes du mercantilisme furent mis en pratique par des entrepreneurs privés qui, paradoxalement, se convertirent en promoteurs actifs du mercantilisme. CV Rafael Torres Sánchez (Cartagena, 1962) est Professeur Titulaire d’Histoire à l’Université de Navarre. Álvaro Aragón Ruano (Université du Pays Basque, UPV/EHU) Un projet chimérique ? L’approvisionnement en bois depuis les Pyrénées occidentales (Pays Basque et Navarre) durant le XVIIIème siècle Résumé Tout au long du XVIIIème siècle, les forêts des Pyrénées occidentales (zone nord de la Navarre et provinces de Guipúzcoa et de Biscaye) se convertirent en réserves forestières stratégiques pour l’armée navale royale. Des quantités gigantesques de bois de chêne furent utilisées pour la construction de carènes de navires qui étaient ensuite transférées à l’arsenal du Ferrol ou ailleurs, des troncs de pin naviguèrent sur l’Èbre ou furent transportés jusqu’à la mer Cantabrique pour servir de mats sur les navires, alors que le hêtre était utilisé pour la fabrication des rames et des barriques qui transportaient la visserie nécessaire aux navires ou à l’armement, ou encore pour l’obtention de charbon




3

à destination des Manufactures Royales d’Armes. L’extraction mentionnée fut opérée à travers la signature de contrats d’approvisionnements entre la Couronne et des particuliers ou des firmes commerciales, comme la Compagnie Royale de Guipúzcoa à Caracas. Néanmoins, ces agents, qui connaissaient bien le terrain où ils devaient évoluer, durent faire appel à d’autre agents ou intermédiaires locaux et négocier, dans la plupart des cas avec les institutions locales, aussi bien le mode d’extraction que le paiement au titre de l’exploitation des biens communaux et ressources forestières de ces dernières. Cette enquête a pour fin d’analyser qui furent ces agents, quel type de relations ils établirent avec les commerçants locaux et, en définitive, comment ils purent accomplir cette aventure chimérique, pour laquelle ils durent surmonter tant d’obstacles géographiques, orographiques, politiques et économiques. Nous tenterons par conséquent d’analyser si le programme établi fut réellement efficace et dans quelle mesure toutes les actions mises en œuvre contribuèrent à la création de capitaux et d’infrastructures qui favorisèrent le développement et la consolidation de l’État hispanique. CV Álvaro Aragón Ruano a obtenu une licence d’Histoire à l’Université de Deusto (1992) et un doctorat en Histoire (2000) à l’Université du Pays Basque. Il est actuellement professeur agrégé à l’Université du Pays Basque, où il fait partie du Département d’Histoire Médiévale, Moderne et d’Amérique. María Amparo López Arandia (Université d’Estrémadure) Entre approvisionneurs, «Real Negociado de Maderas» et Secrétariat de la Marine. Les approvisionnements en bois depuis la province maritime de Segura de la Sierra. Résumé La promulgation des ordonnances des Monts, de 1748, prévoyait d’octroyer le statut de provinces maritimes non seulement aux espaces boisés des zones côtières aptes à être exploités par l’armée navale royale, mais aussi aux monts de l’intérieur de la péninsule traversés par des fleuves ou rivières navigables, et qui, par conséquent, permettraient d’acheminer le bois par transport fluvial jusqu’aux arsenaux. Cette circonstance eut pour conséquence l’intégration des monts de Segura et d’Alcaraz, pourtant situés à 300 km du littoral, dans une nouvelle province maritime : celle de Segura de la Sierra. Bien que ce soit officiellement à partir de ce moment que ce domaine géographique- qui engloba jusqu’à une cinquantaine de communes au plus fort de son expansion- commença à être exploité par les officiers du Secrétariat de la Marine – et concrètement, ceux des départements maritimes de Cadix et Cartagena-, le fait est que depuis les années 1830, l’armée navale royale s’approvisionnait déjà du bois de ces forêts de manière indirecte, en l’achetant au Real Negociado de Maderas, un organisme dépendant de la Manufacture Royale de Tabac de Séville et par conséquent, du Secrétaire d’État aux Finances, ainsi que par l’intermédiaire d’approvisionneurs. Nous nous trouvons donc face à un espace singulier – une province maritime de l’intérieur, qui dépend par ailleurs de deux départements maritimes distincts-, dont les approvisionnements en bois à destination de l’armée navale royale étaient issus de trois voies différentes : l’exploitation et le transport du bois par des approvisionneurs ; l’achat de




4

matière première, d’abord exploitée par l’organisme Real Negociado de Maderas ; et l’exploitation directe exercée par le Secrétariat de la Marine. L’objectif de cet article est d’essayer de découvrir l’existence ou non de diverses étapes dans le processus d’exploitation du bois durant les années d’existence de cette circonscription politique et administrative, et d’analogies ou, à l’inverse, de différences, dans les processus d’exploitation et d’approvisionnement de matière première en fonction du responsable des coupes de bois sur les monts. Nous n’omettrons pas non plus l’analyse de certaines des conséquences de ces processus qui, dans de nombreux cas, entraînèrent non seulement la formation de réseaux entre les individus qui les contrôlaient mais aussi l’apparition de situations de corruption éloquentes face à l’attrait que pouvait représenter l’exercice du contrôle de l’exploitation, du transport et de la vente et distribution postérieures d’une matière première si convoitée, dont nous possédons de nombreux exemples, aussi bien parmi les membres des élites locales que ceux de l’administration royale. CV María Amparo López Arandia a obtenu un doctorat (avec label européen et prix extraordinaire de doctorat) à l’Université de Jaén. Elle a exercé comme enseignante et chercheuse à l’Université de Jaén (2001-2006), à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris (2006-2008), à l’Université de Cordoue (2008-2011) et à l’Université d’Estrémadure (depuis 2011), où elle est actuellement professeure et docteure dans le département d’Histoire Moderne du campus de Badajoz. Ana Rita Trindade (CSIC-ForSeaDiscovery) Le bois du Département Maritime de Cadix pour l’Arsenal de la Carraca : un système d’approvisionnement régional pour la construction navale (1726-1759) Résumé La réorganisation de l’Armée Navale Royale dans le cadre des politiques centralisatrices et protectionnistes des réformes entreprises par les Bourbons se traduisit par un programme d’expansion de la flotte de guerre. Dans ce contexte, l’État accentua son contrôle sur la construction navale et l’approvisionnement de ses matières premières, dont une conséquence fut la création des arsenaux de Cadix, Cartagena, El Ferrol et La Havane, avec leurs Départements Maritimes respectifs qui constituaient des unités territoriales essentiellement orientées à l’approvisionnement de bois. Privilégiant les matières premières d’origine locale comme meilleur moyen de rentabiliser les coûts, chaque Département se constitua comme un système d’approvisionnement de bois régional qui articulait forêts, voies de transport terrestres, maritimes et fluviales, embarcadères (maritimes et fluviaux), ports et chantiers navals. Entre les commandes directes de la Marine et le système de contrats des approvisionneurs, ce réseau fut coordonné par divers agents chargés de l’organisation et du contrôle des forêts, des visites d’évaluation du potentiel d’arbres pouvant servir de matière première, des coupes de bois et de l’élaboration de pièces, ainsi que du transport, pour connecter les ports et l’intérieur. Cet article présente une synthèse du cas du Département Maritime et de l’Arsenal de Cadix durant la période d’application des premières réformes des Bourbons sous les règnes de Philippe V et Ferdinand VI, en analysant les




5

aspects mentionnés et la capacité d’approvisionnement en différentes essences de bois adaptées à la production d’éléments spécifiques aux types de navires de guerre construits et réparés dans l’arsenal de la Carraca. CV Ana Rita Trindade est archéologue diplômée de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de la Nouvelle Université de Lisbonne (Universidad Nova da Lisboa) où elle a aussi obtenu sa maîtrise en archéologie. Entre 2014 et 2017, elle a été engagée par l’Institut d’Histoire du Centre des Sciences Humaines et Sociales du CSIC comme étudiante en pré-doctorat dans le projet ForSEAdiscovery – « Forest Resources for Iberian Empires: Ecology and Globalization in the Age of Discovery (16th -18th centuries) », un projet de l’Initial Training Network (ITN), financé par l’Union européenne dans le cadre des Actions Marie Slodowska-Curie. Iván Valdez-Bubnov (Université Nationale Autonome du Mexique) et Jorge G. Loyzaga (Architecte) L’exploitation du bois des Philippines et la construction navale espagnole dans le Pacifique (XVIème-XVIIIème siècles) Résumé La construction navale espagnole en Asie est un thème très méconnu et absent des principales études sur la technologie navale espagnole à l’époque classique de la navigation à voile. Or l’importance de cette industrie fut cruciale, aussi bien pour la constitution et le maintien du système commercial de l’Empire – à travers la construction des galions de la route Manille-Acapulco- que pour la consolidation de la présence espagnole en Asie – à travers la construction de navires de plus petit tonnage pour le cabotage dans l’archipel philippin et d’unités de guerre de différents types pour combattre la présence de rivaux asiatiques et européens. Pour assurer le développement de cette industrie, la Couronne espagnole établit dès les premières heures de la colonisation des Philippines une série de normes administratives pour l’exploitation des ressources forestières, étroitement liées à l’institution du «Repartimiento» (système de corvées réalisées par des autochtones pour le bénéfice des Espagnols). En parallèle, les perspectives techniques à l’égard de la qualité et de l’utilité des essences de l’archipel évoluèrent grâce aux contributions de différentes sources, entre autre des missionnaires et des administrateurs espagnols de la Couronne. Ainsi, cet article a pour objectif de confronter la documentation émanant des deux processus : d’une part, la législation promulguée pour réglementer la mobilisation de main d’œuvre destinée à l’exploitation du bois ; de l’autre, la documentation technique se rapportant à la qualité et à l’utilité des types de bois susceptibles d’être utilisés pour la construction navale. La combinaison des deux lignes d’étude se propose de tracer l’évolution de l’infrastructure administrative et technologique qui rendit possible, à travers la construction navale espagnole dans le Pacifique, l’articulation de la première économie globale de la modernité. CV Ivan Valdez Bubnov a obtenu son Doctorat en Histoire Moderne au Queens' College de l‘Université de Cambridge, Royaume-Uni. Spécialiste d’Histoire de




6

la Construction Navale Espagnole d’un point de vue technique, administratif et financier. Spécialiste d’Historiographie Militaire et d’Historiographie Navale. Chercheur à temps complet de l’Institut des Recherches Historiques de l’Université Nationale Autonome du Mexique et professeur dans cette université. Jorge G. Loyzaga est architecte, natif de la ville de Mexico. Il a étudié l’Architecture et la Restauration de Monuments Historiques à l’Université de Saint-Jacques de Compostelle, en Espagne, où il a obtenu sa Maîtrise et son Doctorat en Histoire de l’Art. Il a restauré de multiples monuments historiques en Europe, au Mexique, à Guam et en Micronésie. Rafal Reichert (Centre d’Études Supérieures du Mexique et d’Amérique centrale (CESMECA)) De Julián de Arriaga à Antonio Valdés, une révision du commerce direct des approvisionnements en bois depuis la région du Sud de la Baltique pour les chantiers navals et les arsenaux espagnols (1754-1795) Résumé Le XVIIIème siècle se caractérisa pour la Marine espagnole par différentes étapes de développement. L’une d’elles fut la mise en route du grand projet de réforme de l’armée navale, après la douloureuse défaite dans la guerre des Sept-Ans (1756-1763). Dès lors et jusqu’en 1791, la monarchie des Bourbons investit d’énormes fonds dans la récupération de sa puissance navale et principalement dans la construction de navires. Il en résulta une croissance significative de la demande de matières premières forestières, nécessaires à l’élaboration de tout type d’embarcations, que l’on commença à faire venir non seulement des forêts de la péninsule ibérique, mais aussi d’autres régions de l’Empire, notamment des colonies espagnoles en Amérique. Néanmoins, la demande de l’industrie navale espagnole ne cessa d’augmenter au fil des ans et d’autres canaux d’approvisionnement devinrent nécessaires pour satisfaire la demande de la Marine. La solution vint de la Baltique, une région riche en forêts sauvages de pins, de sapins et de chênes. Cette contribution cherche à analyser et à quantifier, à travers les registres du péage du détroit de l'Øresund (Danemark), les expéditions de bois depuis la région du Sud de la Baltique (actuellement Allemagne, Pologne, Russie et Lituanie) vers l’Espagne, afin de démontrer l’importance des ressources forestières issues de cette zone géographique dans la récupération et l’essor de la puissance navale espagnole dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. CV Rafal Reichert possède une licence et une maîtrise en archéologie à l’Université de Varsovie, Pologne. Il est Docteur en Histoire de la Faculté de Philosophie et des Lettres de l’UNAM, Mexico. Chercheur à temps complet du Centre d’Études Supérieures du Mexique et d’Amérique centrale (CESMECA), de l’Université des Sciences et des Arts de Chiapas (UNICACH). Professeur à l’Institut des Études Ibériques et Ibéro-américaines de la Faculté des Lettres Modernes de l’Université de Varsovie, Pologne.




7

María Intxaustegi Molina (Université du Pays Basque, UPV/EHU) L’approvisionnement en bois du chantier de La Havane durant le XVIIIème siècle Résumé Les chantiers navals royaux de la monarchie espagnole au XVIIIème siècle constituèrent l’un des sites stratégiques pour comprendre la profonde transformation subie par l’Empire espagnol sous les Bourbons. La création d’une nouvelle armée navale capable d’affronter les Anglais fut l’un des axes majeurs de leur politique puisque la puissance qui obtiendrait la suprématie maritime, et surtout, le contrôle des routes océaniques entre les Indes et le continent européen, consoliderait son empire et mettrait en danger la survie du reste. Dans ce contexte, l’organisation et la productivité du chantier naval de La Havane brilla par son efficacité, en construisant des navires et en parvenant à lancer sur les flots plus de 50% de la nouvelle armée navale espagnole. Pour parvenir à exécuter un plan aussi ambitieux, il était nécessaire de mettre en place une gestion complexe des ressources les plus précieuses de la construction navale : le bois. Bien que Cuba, en tant qu’île tropicale, ait été célèbre pour ses essences précieuses de très haute qualité, elle ne manquait pas moins d’autres types d’arbres également nécessaires à la construction de certaines pièces fondamentales, comme par exemple les espars. La pénurie de bois fut un problème récurrent tout au long de l’histoire du chantier naval, que les approvisionneurs locaux comme les fonds spécialement envoyés depuis la Nouvelle-Espagne et Madrid tentèrent tant bien que mal de pallier. En même temps, et surtout durant la première moitié du XVIIIème siècle, certaines pièces ou matières premières comme les ancres, le chanvre, le brai (goudron), ancrages et autres équipements nécessaires à la construction étaient ramenées de la métropole qui les recevait elle-même dans bien des cas d’autres nations. L’objectif de cet article sera de démontrer la complexité de construire des navires avec des matières premières issues de différentes régions géographiques, comme Cuba, Veracruz, la Nouvelle-Orléans, les pays baltiques et la péninsule ibérique, toutes rassemblées pour créer une seule unité formant un navire navigant sous pavillon espagnol. Le chantier naval de La Havane se convertit ainsi en un microcosme singulier et reflet d’un commerce de plus en plus globalisé. CV María Intxaustegi Molina est archéologue sous-marine et historienne diplômée de l’Université du Pays Basque. Elle est actuellement étudiante en doctorat et membre du Département d’Histoire Médiévale, Moderne et d’Amérique de l’Université du Pays Basque et responsable de la section d’archéologie sous-marine de la Société Culturelle de Recherche Sous-marine INSUB. En 2018, elle s’apprête à défendre sa thèse doctorale intitulée Les chantiers navals royaux et l’Apostadero (base navale) de La Havane au XVIIIème siècle. John T Wing (College of Staten Island, The City University of New York (CUNY)) Persistence of Habsburg State Forestry in an Age of Naval Decline and Dynastic Change




8

Résumé Le débat sur le déclin naval et économique de l’Espagne semble indiquer que les masses forestières de la Péninsule ibérique furent soumises à une énorme pression jusqu’à l’arrivée de la dynastie des Bourbons, au début du XVIIIème siècle. Entre 1640 et 1740, la construction navale, ainsi que la croissance démographique, souffrirent une baisse accentuée ou une stagnation, alors que les mesures et les politiques pour la défense des forêts brillaient apparemment par leur absence. Néanmoins, cette conférence explore l’idée de territorialisation dans le contexte de l’Espagne du XVIIème siècle, afin d’analyser un aspect de l’histoire forestière qui n’implique pas nécessairement une déforestation ou une extraction de ressources. Au contraire, les stratégies de contrôle des ressources par la Couronne espagnole visaient à maintenir et à améliorer l’accès à ces dernières. Elles donnaient suite au réseau des surintendants forestiers, dont l’activité débuta à la fin du XVIème siècle dans les provinces du nord de l’Espagne. De même, la Couronne continua de privilégier la production forestière basée sur l’expérience locale et maintint une législation stricte qui renforçait le contrôle royal, même aux époques où la demande de l’armée navale diminuait. Finalement, les visites forestières tentèrent de localiser de nouvelles zones d’approvisionnement, que la Couronne soumit à un contrôle renforcé. Ces visites constituèrent la base de la politique forestière de l’État immédiatement après le désastre de l’armée navale de 1588. La première partie de l’exposition examine les conditions existant dans l’Espagne des Habsbourg, alors que la seconde compare des exemples parallèles de chantiers navals dans le contexte colonial, comme La Havane, Guayaquil et Manille. Pour finir, on relève l’importance de précédents aux temps des Habsbourg et de la politique de revitalisation navale menée par les Bourbons, basée sur une politique forestière vaste et ambitieuse. La répercussion de la territorialisation forestière ne repose pas tant sur la disponibilité de bois pour l’armée navale espagnole, mais sur l’habileté de l’État à gérer les comportements des différents intérêts en confrontation et à les canaliser vers l’atteinte de ses propres objectifs, au-dessus des pratiques locales d’exploitation du territoire. La continuité évidente entre les deux périodes indique qu’il est plus utile de les analyser ensemble que séparément. CV Professeur associé, membre du Département d’Histoire du Collège de Staten Island, Université de New York. Docteur en Histoire diplômé de l’Université du Minnesota en 2009 grâce à sa thèse intitulée Roots of empire: State formation and the politics of timber access in early modern Spain, 1556-1759, dont est issue sa monographie Roots of Empire: Forests and State Power in Early Modern Spain, c.1500-1750 (Leiden: Brill, 2015). Alfredo José Martínez González (Université de Séville) L’activité institutionnelle dans le domaine forestier et naval sous le règne de Philippe II d’Espagne, nouvelles perspectives Résumé




9

Cette étude cherche à démontrer comment la politique navale et forestière, qui, en s’adaptant aux diverses conjonctures juridiques et sociales, finit par se prolonger jusqu’au début du XIXème siècle, se décida et s’instaura réellement dans la seconde moitié du XVIème siècle. Cette genèse prend le nom d’un personnage sur lequel nous ne cessons de découvrir d’importants documents jusqu’alors inédits, Cristobal de Barros, qui fut chargé par Philippe II de développer la construction navale et d’encourager les plantations forestières destinées à approvisionner les chantiers navals. Cette activité, qui fut marquée par les programmes d’action des Conseils d’État et de Guerre, et par les relations de népotisme-clientélisme, eut des effets sur diverses juridictions municipales et territoriales du littoral nord de l’Espagne et produisit tout un système de normes destinées au développement forestier et à l’exploitation du bois dont l’exécution finit par retomber sur les populations locales. CV Professeur et Docteur (accrédité) de l’Université de Séville, membre de la section d’Histoire du Droit et des Institutions, au sein du Département des Sciences Juridiques Fondamentales. Koldo Trápaga Monchet (Université Juan Carlos I, Madrid) L’étude des forêts royales du Portugal à travers la législation forestière sous les dynasties Aviz, Habsbourg et Bragance (c. 1435-1650) Résumé Il est avéré que la monarchie portugaise, et notamment la dynastie des Aviz, fut pionnière dans les dénommées ‘Grandes Découvertes’ qui amenèrent l’expansion de l’Europe sur toute la planète. Ce rôle pionnier joué par une monarchie relativement petite, qui en plus parvint à conserver une place significative tout au long de l’ère moderne, a éveillé l’intérêt scientifique. Ce rôle aurait été impensable sans, parmi d’autres multiples facteurs, l’instauration d’une politique effective et de continuité qui permit de garantir l’approvisionnement en bois pour la construction et la réparation navale. Par conséquent, cette conférence se propose de réaliser une approche à l’étude de la législation forestière du royaume du Portugal entre les XVème et XVIIème siècles, tout au long de trois dynasties : les Aviz, les Habsbourg et les Bragance. Ce travail cherche à défendre que, malgré les changements dynastiques, les souverains portugais surent exploiter la législation forestière mise en place antérieurement même quand l’arrivée d’une dynastie (comme ce fut le cas pour celle des Bragance) alla à l’encontre des droits de la dynastie des Habsbourg. Cette dynastie amena des innovations administratives de la Couronne de Castille qui eurent une grande influence sur la réglementation forestière. Elle cherche aussi à mettre en lumière le cadre administratif établi par les différentes réglementations pour la conservation et l’exploitation des réserves forestières dans le royaume du Portugal afin de garantir aussi bien l’existence des réserves de chasse que la continuité de l’approvisionnement en liège et en pin des chantiers navals de Lisbonne.




10

CV Koldo Trápaga Mochet est professeur à l’Université Juan Carlos I de Madrid José Manuel Serrano Álvarez (Université d’Antioquia, Colombie) Bois, élites et politique au chantier naval de La Havane durant le XVIIIème siècle Résumé Les navires du XVIIIème siècle étaient, naturellement, construits en bois. Si on élimine les éléments non structurels d’un navire de guerre (comme l’artillerie), entre 90% et 95% de tous ses composants étaient constitués en bois de différents types et formes. Cela signifiait que le bois était non seulement un élément structurel fondamental et indispensable, mais qu’il constituait en plus un facteur décisif dans l’évolution technique et technologique que comportait la construction navale. Pourtant, l’accès au bois ne fut pas toujours simple car il s’agissait d’une ressource de première nécessité pour la quasi-totalité de la population. Une forte demande et une carence chronique d’infrastructures d’accès et de communications aux zones de production de bois convertirent cet aspect vital de la construction en un objectif stratégique de premier ordre, en Espagne comme à Cuba. D’autre part, la qualité des bois cubains n’était un secret pour personne. D’ailleurs, cela avait été l’un des principaux motifs pour l’établissement à La Havane, dans les premières décennies du XVIIIème siècle, du seul grand chantier naval espagnol en Amérique. Pourtant, à la fin du XVIIème et début du XVIIIème siècle, la crise générale avait aussi affecté l’exploitation des forêts cubaines à des fins navales. À partir de la mise en place du « nouveau plan » de l’armée navale par Patiño, il devint nécessaire de récupérer les forêts cubaines et de canaliser leurs essences vers la fabrication de navires, ce qui accentua la préoccupation législative à l’égard de cet élément stratégique. La délimitation des forêts pour leur exploitation à des fins navales fut par conséquent la principale préoccupation des pouvoirs politiques qui étaient conscients, notamment dans le cas de La Havane, de son énorme répercussion sur la population. De cette manière, ce qui constituait un approvisionnement capital pour l’armée navale dériva progressivement en un problème politique et social aux conséquences énormes pour Cuba. Néanmoins, et contrairement à la péninsule ibérique, le bois cubain remplissait une double fonction, en alimentant d’une part le propre chantier naval de La Havane mais aussi en étant nécessairement redistribué aux chantiers navals d’Espagne en raison de sa qualité ancestrale. Cette circonstance favorisa à la longue l’apparition d’une aigre polémique et d’une dispute avec la population en général et avec les propriétaires d’haciendas en particulier, surtout visible dans les dernières décennies du siècle. Néanmoins, l’harmonie relative entre les approvisionneurs privés, les propriétaires terriens, la population et les besoins de l’armée navale fut brutalement rompue par deux événements consécutifs. Cet article tentera d’analyser en profondeur le rôle du bois cubain dans la renaissance de l’armée navale espagnole au XVIIIème siècle et le problème




11

politique (et économique) subséquent avec les élites locales et les tentatives de la Monarchie pour maintenir l’équilibre entre les deux factions. CV José Manuel Serrano est professeur titulaire dans le Département d’Histoire à l’Université d’Antioquia (Colombie). Licencié en Histoire, spécialiste diplômé en Histoire Moderne et Contemporaine de l’Université de Séville, Espagne.

20180315-PASAIA-Resume du congres2 · 2019-08-09 · Álvaro Aragón Ruano a obtenu une licence...

Documents

Transcript of 20180315-PASAIA-Resume du congres2 · 2019-08-09 · Álvaro Aragón Ruano a obtenu une licence...